Ceci est la réaction de l’Autre Burkina/PSR au bilan à mi-parcours du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo. Il estime que de gros efforts rentent à faire pour sortir le pays dans cette situation.
Le Président de la transition l’avait promis, il vient de nous livrer un message qui se veut un bilan d’étape et que l’on retrouve à la UNE dans les divers milieux. Nous avons choisi comme d’autres acteurs d’en parler. Dans le sens strict de la COM’ ce message mérite une bonne appréciation dans sa forme, sa présentation, sa structuration et dans ce contexte. En effet présenter un tel message à Dori, l’épicentre du combat contre les djihadistes, un 04 septembre c’est tout un symbole, un signe fort du chef militaire en tenue et aussi d’un chef d’Etat en guerre. Dans son contenu ce message se présente comme un discours sur l’Etat de la nation en mini format et ce en temps de guerre plutôt qu’un bilan exhaustif et chiffré. Mais en termes d’opportunité c’est surtout une nouveauté depuis cette période noire des 07 années de guerre. Un bel exercice que nous saluons.
En réponse à la question de savoir comment nous en sommes tombés si bas, il affiche clairement sa volonté de rechercher les raisons profondes et les déterminants de cette évolution en se référant à notre passé historique. Constat amère, c’est un pays qui semble à la dérive, marqué par notre faillite collective et commune, un peuple sans repères ! Et c’est cet Etat-là dont a hérité le MPSR ! Fait nouveau et révélateur, il souligne avec beaucoup de conviction la responsabilité collective, historique, essentiellement politique certes mais aussi sociale y compris celle des forces armées ! Puis le chef de l’Etat s’interroge « Qu’avons-nous fait de cet héritage » ? Dès lors de grandes annonces suivent en guise de réponse, dans certains domaines importants de notre société.
1- Dans le domaine de la défense du pays et de la protection de notre peuple notre pays est plongé dans une crise sécuritaire grave avec ses corolaires tout aussi graves depuis 07 années ; certaines mesures sont prises par le nouveau pouvoir sont notables :
– La création et la mise en place du Commandement du Théâtre des opérations (COTN) ;
-l’adoption d’une grande stratégie de lutte comprenant 02 piliers stratégiques, l’un militaire et l’autre politique à savoir le dialogue avec les leaders religieux, coutumiers de ceux de l’administration. En termes d’impact on retient la remobilisation des troupes, l’intensification des actions avec les VDP et fait inédit, le dépôt des armes par certains terroristes ;
-L’Accroissement des capacités de l’armée par de nouveaux équipements modernes ;
-Le renforcement du dispositif de renseignement pour plus d’efficacité dans les combats ;
-La réorganisation profonde du dispositif opérationnel de l’armée en termes de centre de commandements militaires pour un meilleur maillage du territoire ;
-In finé une certaine accalmie dans les attaques au Nord du pays, au Centre nord et à l’Est ;
– La mise en place annoncée d’un système d’encadrement des VDP. Cette mesure mérite une attention particulière et pourrait être un facteur clé dans cette grande bataille contre la horde terroriste ; ainsi elle viendra renforcer le maillage du territoire avec des moyens plus modernes et efficaces.
2-Au plan de gouvernance nationale, et face aux nombreuses attentes des citoyens, le Président note entre autres la nécessité d’un Retour à nos racines, la définition et la mise en œuvre de nouvelles réformes administratives et surtout des réformes politiques
3-En matière de coopération l’annonce d’un Changement audacieux dans les alliances portées vers des options qui garantissent le respect de notre indépendance est très remarquable.
A partir du portait de notre Etat caractérisé par les conditions d’existence d’un peuple sans repères, la priorité pour le nouveau pouvoir sera de travailler à bâtir l’Etat nation stable et prospère. Aussi il lance un grand appel à l’UNION, insistant sur 03 faits majeurs, la primauté de la nation avant tout et en conséquence l’indispensable sursaut patriotique pour la restaurer et la sauvegarder. Enfin, l’hommage très appuyé à la mémoire collective de nos devanciers est à saluer !
Tel est l’essentiel du message du Président DAMIBA que nous avons suivi comme tous les burkinabè, un message plein d’audace selon nous, avec une dose de sagesse et une volonté inébranlable d’aller de l’avant contre l’adversité dans l’union et l’Unité du Peuple.
Ainsi donc le Président DAMIBA a parlé ! Dès lors quelle est notre appréciation du contenu et de la portée de ce bilan annoncé ?
1-Nous ne sommes pas des impatients qui, sous le choc des émotions remettent tout en cause car nous devons y croire et nous y croyons pour notre peuple !
2-Nous ne sommes pas non plus de ceux-là qui, par mauvaise fois rejettent systématiquement tout et condamnent tout ! Nous savons que le chemin est difficile et la tâche immense face à ce mal qui nous détruit depuis 07 ans. Et ce n’est pas en 07 mois que nous pouvions sortir totalement du trou béant, de la fosse obscure, de cet abîme.
3-Nous nous démarquons aussi de ceux qui vivent de louanges car le MPSR n’a pas besoin de flagorneries. Il a besoin de soutien sincère et de solidarité agissante dans l’UNION du peuple ! Nous sommes aux côtés de ceux-là qui chaque jour se battent pour protéger notre vie au prix de leur propre vie sous la direction politique de la transition. Toutefois si des points positifs sont à noter il y a aussi des points faibles car peu ou pas pris en compte dans le message.
4- Les insuffisances possibles portent essentiellement sur l’action gouvernementale en rapport avec :
-le processus électoral dans ce contexte d’insécurité ;
-l’assainissement de la vie publique en terme de gestion de la chose publique comme les AUDITS annoncés, la diminution du train de vie de l‘Etat entre autres ;
– La couverture de l’action humanitaire dans les zones de guerre ;
– La gestion des dossiers pendant de justice ;
-les mesures pour rendre davantage plus inclusive la transition politique ;
-L’exercice des libertés notamment politiques et associatives dans le contexte d’un pays en guerre ;
Sur un autre plan, il aurait été utile de parler du niveau de mise en place des nouveaux organes de la Transition comme le COST.
Il en est de même de la création des zones d’intérêt militaire quand on sait qu’il aura incontestablement des difficultés et parfois de la résistance des communautés
5-Au regard de tout ce qui précède nous retenons ceci : Un travail a été fait et c’est encourageant ; malheureusement la situation sécuritaire en particulier reste préoccupante, elle est très grave toute chose qui nous oblige à faire davantage de gros efforts car la menace d’une dislocation du pays est encore réelle, courage à tous ; nous devons garder beaucoup d’espoir parce que grâce à sa capacité légendaire de résilience, notre peuple vaincra. Et un échec face aux terroristes sera une catastrophe plus monstrueuse. S’unir où périr tel est notre dilemme !
En tout état de cause face à l’immensité et la complexité de l’action contre le terrorisme il faut mettre bal à terre. Ainsi les politiciens doivent se remettre en cause, les OSC doivent faire preuve d’humilité et se démarque de la volonté « d’avant-gardisme » politique qu’affectionnent certaines d’entre elles et en fin les intellectuel devraient jouer leur rôle de proposition d’idées de progrès, mais loin du mépris des autres propre à « l’intellectualisme infantile ».
De toute évidence de gros efforts restent à faire car la situation reste préoccupante. La priorité des priorités reste le défi sécuritaire ; il faut s’en convaincre ! Les questions de retour à nos racines et la tâche centrale de refondation pour une véritable transformation sociale sont complexes pour être prise conséquemment en compte par notre transition dans ce contexte de guerre. Dans le cadre de l’actuel processus de transition politique elles pourraient faire l’objet de réflexion profonde en traçant des sillons pour leur aboutissement dans les toutes prochaines années.
Ouagadougou le 05 Septembre 2022
Le Président de l’AUTRE Burkina/PSR
Dr Alain Dominique ZOUBGA