Dans cette déclaration parvenue à notre rédaction, le président de l’Autre Burkina /PSR, Dr Alain Zoubga réagit aux décisions du dernier sommet de la CEDEAO tenu à Abuja.
A l’occasion de son dernier sommet extraordinaire la CEDEAO a pris des décisions très remarquées parmi lesquelles on retient l’ultimatum donné au Mali et celle relative à la création d’une force militaire pour « combattre le terrorisme » et aussi pour « contrer les coups d’Etat ». A priori, les intentions paraissent bonnes ; et nous sommes de ceux-là qui soutiennent la coopération sous régionale, dès lors qu’elle peut nous apporter un réel soutien face aux grands défis importants dans ce contexte de nos transitions en situations de guerre. Et même si ces transitions en cours, qui dans le fond se doivent davantage d’être des processus politiques inclusifs, ne sont pas exemptes de critiques notamment en matière de vision politique (l’exclusion des politiques, l’absence de directives claires pour recadrer certaines revendications certes légitimes mais parfois maladroites, un manque de fermeté par rapport aux discours négativistes et parfois dangereux, l’insuffisance des mesures en faveur de l’Union sacré des citoyens en ces moments très difficiles.. ..) elles méritent un accompagnement franc et sincère loin des menaces et des ultimatums d’autant plus que certaines orientations décisions suscitent de l’espoir au sein des couches sociales, notamment au sein de la jeunesse!
Aussi, au regard du contexte sous régional et national, et prenant en compte le fait que la CEDEAO a exclu de ce sommet le Burkina et les deux pays à savoir le Mali voisin et la Guinée pays ami, nous ne croyons pas à la pertinence et à l’opportunité de ces mesures. Nous croyons sincèrement que leurs motivations véritables sont douteuses.
Ainsi un ultimatum sévère a été lancé au Mali pour libérer sans conditions les 46 soldats Ivoiriens « au plus tard au 1er janvier 2023 ». Pour notre part, il s’agit franchement d’une gaffe diplomatique dans la recherche d’une juste solution à la crise qui oppose deux Etats frères, souverains et de surcroît voisins. Certes la crise dure depuis quelques temps mais les deux Etats, en dépit des apparences, continuent de discuter, et c’est très significatif ! A notre avis l’organisation sous régionale fait preuve d’une impatience épidermique. Dans les faits il faut faciliter honnêtement ces discussions au lieu de brandir des menaces supplémentaires car c’est en dernière analyse une provocation à l’égard d’un Etat souverain. Et du fait du voisinage entre ces deux Etats, la décision de la CEDEAO peut s’avérer contre-productive et même dangereuse pour la paix dans la sous-région. Du reste jusqu’à ce jour nous n’avons aucune preuve que nos frères ivoiriens détenus au Mali étaient en mission officielle, politiquement et diplomatiquement reconnue par les deux Etats, l’ONU et même la CEDEAO. Evitons de tricher entre Etats voisins et peuples frères !
Quant à la décision de créer une force militaire pour contrer les Coups d’Etat et pour combattre le terrorisme elle est louable mais elle crée plus de scepticisme que de certitude et elle est aussi grosse de danger ! Cette décision ressemble fort, dans l’esprit et dans la lettre, à un « réchauffé » de la défunte force ECOMOG, tristement célèbre, qui a honteusement échoué après avoir semé la division, la désolation et la haine dans certains pays de notre sous-région.
Concernant les coups d’Etat, en tant que démocrates nous les rejetons fermement; mais comme nous l’avons déjà dit en octobre dernier « L’organisation sous régionale a souvent avalisé des situations politiques fondées sur les présidences à vie, l’intronisation de père à fils, le tripatouillage des constitutions pour un 3ème mandat et la fraude électorale à grande échelle..», toutes choses qui sont à l’origine de nombreux coups d’Etat. Dès lors, sur ce point, il est difficile d’accorder un quelconque crédit à la CEDEAO !
Quant à la volonté de combattre le terrorisme dans la sous-région, nous disons enfin et bravo ! Toutefois, nous sommes d’avis que nos Etats en guerre, en tout cas au Burkina, l’on a essentiellement besoin de ressources, surtout en armes de guerre de qualité car s’agissant des hommes et des femmes pour le combat au front notre pays compte de nombreux fils dignes et patriotes. Messieurs les Chefs d’Etat, envoyez-nous des armes de qualité et en quantité ! Cette démarche sera plus opérationnelle, plus efficace et d’une faisabilité moins risquée. Et c’est à ce prix que les peuples de la sous-région vous seront reconnaissants. En tout état de cause les peuples, en particulier la jeunesse, demandent instamment à la CEDEAO de mettre fin à toute politique d’asservissement et de soumission aux puissances prédatrices comme la France, d’affirmer avec force et de défendre la souveraineté de nos peuples et de nos Etats.
Solidarité entre les peuples de la sous-région !
Que dieu protège le Burkina et son Peuple !
Ouagadougou, le 05 /12/2022
Dr Alain Dominique ZOUBGA
Ancien ministre,
Président du parti l’AUTRE Burkina/PSR