La Commission nationale des droits humains (CNDH) a publié son rapport annuel 2021 sur la situation des droits humains au Burkina Faso. La présentation du document est intervenue ce vendredi 9 décembre 2022, au cours d’une conférence de presse, à Ouagadougou. Il en ressort « un état des lieux très préoccupant du fait de la crise sécuritaire ».
Le rapport 2021 de la Commission nationale des droits humains (CNDH) est disponible. Le document de 89 pages cumule chiffres et statistiques et traite des thématiques telles que la situation des droits humains au Burkina, la situation spécifique des personnes déplacées internes (PDI), la situation des droits catégoriels et les avancées législatives en matière des droits humains. Il s’est beaucoup attardé sur la crise sécuritaire et ses implications en matière de violations des droits de l’homme.
Le rapport révèle que le contexte sécuritaire affecte beaucoup la situation des droits humains. La CNDH en veut pour preuves quelques attaques terroristes qui ont occasionné des pertes en vies humaines considérables. Ces attaques qui visent « principalement les personnes civiles » sont considérées comme de graves atteintes aux droits les plus élémentaires, notamment le droit à la vie. Les attaques de Solhan ( 132 personnes et une vingtaine de blessés), de Kodyèl ( 25 personnes et de nombreux blessés), du 18 août 2021 contre un convoi de Gorgadji ( 47 personnes), sont autant de chiffres brandis par la CNDH pour montrer la situation préoccupante des droits humains.
A ces tueries, la CNDH ajoute les attaques des groupes armés terroristes contre les forces de défense et de sécurité ( FDS). Elle met en premier lieu l’attaque d’Inata. Perpétuée le 14 novembre 2021, elle a causé la tuerie de 57 personnes dont 53 gendarmes. L’attaque du 5 août à Tokabangou ( 15 militaires et 4 civils tués), celle du 8 août dans le village de Doukoun (12 soldats) et enfin celle du 4 octobre contre le détachement militaire de Yirgou ( 14 militaires).

La commission note également que des opérations de ripostes contre les groupes armés terroristes ont souvent donné lieu à des allégations de violations des droits humains attribuées aux FDS et VDP. Elle interpelle sur des disparitions forcées en lien avec les opérations de sécurisation, notamment dans le Sud-ouest où une de ses missions d’investigation « a conclu à l’existence de cas de disparition forcée de 15 personnes ».
Les PDI, des victimes en vie!
Dans le rapport, l’institution publique de promotion et de protection des droits humains s’inquiète de la situation des personnes déplacées internes. « Le rapport a eu un point important sur la question des personnes déplacées internes qui sont des personnes vulnérables où pratiquement tous les droits sont mis à rude épreuve », a déploré la présidente par intérim du CNDH, Gonta Alida Da. Pour elle, ce déplacement massif des populations est la résultante de la situation sécuritaire précaire que connaît le pays.
La CNDH montre que comparativement à l’année 2020, le nombres de PDI est passé d’environ un million à plus de 1,5 million ( plus de 900 mille enfants et plus de 300 mille femmes) au 31 décembre 2021, soit une augmentation de plus de 46%. Ces personnes sont exposées, selon l’organisme, à des violations de droits telles que les violences basées sur le genre, le manque d’accès à l’alimentation, les services sociaux de bases, l’eau potable, la santé, l’éducation (plus de 3000 écoles fermées) et les viols.
Au chapitre des droits catégoriels, l’institution relève une aggravation de la situation par rapport à l’année dernière. En effet, les violences faites aux femmes et les violences conjugales persistent. La CNDH confie, en citant le ministère en charge de la Femme, qu’au cours de l’année 2021, il a été enregistré plus de 1 000 cas de violences sexuelles y compris le viol. De façon globale, c’est plus de 11 000 cas de violences basées sur le genre qui ont été enregistrés.
Il faut rappeler que le contenu de ce document est le résultat de plaintes de particuliers mais également d’enquêtes de constatation effectuées par la CNDH. L’organisme a également formulé plusieurs recommandations dont la plus importante reste de ramener la sécurité au Burkina Faso, synonyme de stabilité et de respect des droits de l’homme.
Par Nafongon Moussa TRAORE (Stagiaire)
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