L’association « Gam–Taaba », une association des bouchers de la commune de Pouytenga, dénonce les manigances du maire de ladite commune pour implanter le futur abattoir moderne sur un site non consensuel. A l’occasion d’une conférence de presse animée ce mardi 21 septembre 2021, à Ouagadougou, l’association a accusé le maire d’avoir usé de faux pour pouvoir démarrer les travaux de construction dudit abattoir.
Présenté en 2014, le projet de construction du futur abattoir moderne avec bio-digesteur de la commune de Pouytenga peine à se réaliser. La faute à un désaccord entre le maire et l’association « Gam – Taaba » réunissant les bouchers de la commune. Un désaccord lié au choix du site retenu de façon unilatérale par le maire, selon les membres de l’association. En effet, ceux-ci rejettent le choix du site de Nimpogho désigné pour abriter l’abattoir au détriment de celui de Zooré. Léopold Sawadogo, commerçant et porte-parole des bouchers à l’occasion de la conférence de presse, justifie ce refus : « Le site de Zooré, situé sur l’axe Pouytenga – Boulsa, est distant de 5 km du marché à bétail. En plus, la voie est bitumée. Par contre, le site de Nimpogho est situé à 12 km du marché à bétail, dans une zone difficilement accessible ».
Pour mieux comprendre les raisons du refus des bouchers, Léopold Sawadogo a bien voulu faire la genèse de l’affaire. Selon lui, tout a commencé en 2014 lorsque le projet de construction du futur abattoir de Pouytenga a été présenté aux acteurs de la filière viande. Suite à des difficultés relatives au choix du site devant abriter l’infrastructure, il a été décidé ce qui suit : mandater le ministère des Ressources animales pour désigner l’un des deux sites proposés (Zooré et Nimpogho) pour abriter l’abattoir. Suite à une étude menée, toujours selon le récit du porte-parole des bouchers, les techniciens du ministère ont retenu le site de Zooré comme étant favorable à la construction de l’infrastructure. Et selon la convention, a-t-il fait savoir, les deux parties devaient se conformer aux résultats de cette étude pour le choix définitif du site. Dès lors, à en croire Léopold Sawadogo, il revenait au gouverneur du Centre-est de restituer les résultats de l’étude. Toute chose qui, dit-il, devait définitivement clore le débat sur le choix du site.
Cependant, contre toute attente, foi des conférenciers, le maire a débuté les travaux de construction sur le site de Nimpogho malgré les résultats de l’étude menée par le ministère en charge des Ressources animales. Face à cette situation, les bouchers accusent le maire d’avoir usé de faux pour convaincre les autorités de l’opportunité de construire l’abattoir sur le site de Nimpogho. « Le maire a fait un faux compte-rendu et une liste imaginaire de bouchers pour choisir le site de Nimpogho. Le maire a choisi ce site pour ses intérêts personnels. Il possède un domaine de 5 hectares, et si l’abattoir est construit à Nimpogho, ses 5 hectares vont prendre de la valeur », a dénoncé le porte-parole des bouchers. « En plus, le terrain sur lequel se mènent les travaux appartient aux propriétaires terriens », a-t-il poursuivi. Sur ce point, les bouchers disent avoir saisi la section MBDHP du Kourrittenga.
Quel sort sera-t-il donc réservé au futur abattoir si le maire s’entête à finaliser le projet sur le site querellé ? Les bouchers seraient-ils contraints d’y mener leurs opérations ? Autant de questions que les bouchers ont balayées du revers de la main. Pour eux, il n’est pas question que le projet aille à son terme vu la multiplicité des problèmes. Du reste, ils sont convaincus que le maire reviendra sur sa décision. « Lorsqu’il reviendra au choix du meilleur site, c’est lui seul qui endossera les frais des travaux réalisés sur le site de Nimpogho qui appartient aux propriétaires terriens », a prévenu Léopold Sawadogo. Pour mettre fin à ce qu’ils qualifient de « forfaiture », les bouchers appellent les autorités à se pencher sur le problème de construction du futur abattoir de Pouytenga.
Par Shady COULIBALY (www.burkinanews.info)