Appelé à la barre le 26 juillet dernier pour répondre des faits de détournement de fonds, concurrence déloyale et blanchiment de capitaux, le procès de l’ex-Directeur général de la Société industrielle de transformation d’acier au Burkina (SITAB), Youssef Omaïs, a été renvoyée au 25 octobre 2021. A une semaine de ce procès, les attentes sont toujours aussi nombreuses.
L’un des procès les plus attendus de cette année 2021 connaitra-t-il enfin son dénouement ? C’est la question que se pose un grand nombre de Burkinabè et plus précisément ceux du monde des BTP ou encore des finances. Car, c’est en principe dans une semaine soit le lundi 25 octobre 2021 que devrait enfin s’ouvrir le procès en appel de l’affaire opposant la Société industrielle de transformation d’acier au Burkina (SITAB) et son ancien directeur général, Youssef Omaïs.
En effet, si le procès devait s’ouvrir à la date du 26 juillet 2021, celui-ci a été renvoyé au 25 octobre 2021. Un report qui faisait suite à l’absence de l’accusé pour « raisons familiales » mais aussi à « la composition irrégulière du parquet », selon les avocats de l’ex-DG. La partie plaignante estimait, quant à elle, qu’il était inconcevable de permettre un tel laxisme en laissant l’accusé se déplacer à sa guise alors qu’il fait l’objet d’accusations. Si les conseils de la SITAB y avait vu un subterfuge pour retarder le procès, ceux-ci espèrent enfin que le procès aura lieu afin de faire la lumière sur cette affaire qui défraie la chronique depuis plusieurs années maintenant.
En rappel, Youssef Omaïs avait été recruté dans les années 2000. Il gère ainsi l’entreprise en qualité de directeur général jusqu’en 2012. Alors satisfaits de sa gestion, les différents actionnaires de la société décident, dans le but de récompenser ses efforts et pour le motiver à faire encore mieux, de lui offrir la possibilité de racheter 15% des actions à un coût moindre. Mais en 2015, constant que le niveau de charges est devenu anormalement élevé et n’arrêtait plus d’augmenter, les propriétaires de la SITAB décidèrent de commanditer un audit fin 2017. Celui-ci mettait en évidence un certain nombre de preuves accablantes contre le DG : constitution d’une société dénommée IBAFER ayant le même objet social que la SITAB (transformation et commercialisation d’acier) en violation flagrante de ses devoirs de loyauté et de non-concurrence envers la SITAB en tant qu’actionnaire et directeur général. Pire, l’audit révélait que la société IBAFER a été constituée sur la base de données, les informations et les stratégies commerciales de la SITAB auxquelles Omaïs a eues accès en sa qualité de directeur général. Le préjudice subi par la SITAB s’élevait ainsi à plus de deux milliards de francs CFA (2 000 000 000 FCFA). Ainsi, le DG indélicat était révoqué et licencié en 2018. Mais le 23 novembre 2020, le Tribunal arbitral rendait une sentence arbitrale largement favorable à Youssef Omaïs à qui la SITAB a été condamnée à verser 575 000 000 de francs CFA à titre de dommages-intérêts « pour révocation et licenciement jugés abusifs », ceci bien qu’étant informé que l’accusé faisait face à de très graves accusations au pénal.
Le 19 mars 2021, le recours en annulation immédiatement formé par la SITAB était rejeté par la Cour d’appel de Ouagadougou. En sus, bien que le Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou, siégeant en matière correctionnelle, n’a pu que formellement reconnaître les malversations, escroqueries et autres arnaques commises par Youssef Omais, ce dernier a quand même été relaxé malgré les lourdes accusations d’abus de biens sociaux et d’abus de confiance qui pèsent contre lui.
Se sentant lésés, les propriétaires de la SITAB espèrent enfin que la justice burkinabè dira le droit afin que la lumière sur cette affaire soit faite. Pour cela, il faudra espérer que le procès prévu dans une semaine ne soit pas une nouvelle fois renvoyé.
Par Wendkuni Anselme SAWADOGO (www.burkinanews.info)