Le candidat de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), Zéphirin Diabré a lancé sa campagne électorale, le samedi 31 octobre 2020, à Tenkodogo, chef-lieu de la région du Centre-est. Devant ses militants mobilisés, le champion du parti du Lion a fustigé la gestion du parti au pouvoir accusé d’avoir failli. Il promet quant à lui d’opérer une révolution industrielle qui fera du Burkina Faso la nouvelle Chine.
Pour lancer sa campagne, Zéphirin Diabré a choisi son fief électoral, à savoir la région du Centre-est et particulièrement le chef-lieu Tenkodogo. Rien de plus normal quand on sait que l’Union pour le progrès et le changement a raflé la majeure partie des postes de députés, des mairies et le conseil régional de ladite région. Pour l’occasion, la place de la nation de Tenkodogo s’est parée de vert et de jaune, les couleurs du parti du Lion avec un slogan scandé, à gorge déployée, par des centaines de personnes : « Zéphirin Diabré, à Kosyam ».
Réparer l’erreur de 2015
Tour à tour, les porte-paroles des jeunes, des femmes et des anciens ont dénoncé » une mauvaise gestion du parti au pouvoir accusé d’avoir accru les inégalités, d’avoir amplifiée la corruption et surtout de n’avoir pas su trouver la solution aux problèmes existentiels des Burkinabè, notamment en matière de sécurité : « Depuis que le MPP est au pouvoir, rien ne va. Les emplois diminuent chaque année. Le nombre de postes disponibles à la fonction publique ne fait que diminuer ».
Face aux électeurs, Zéphirin Diabré a dépeint « un bilan catastrophique » du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) durant ses cinq années de gouvernance. « Le MPP et ses alliés qui sont au pouvoir depuis 5 ans n’ont pas répondu aux attentes des Burkinabè. L’un des domaines où tout le monde sait qu’il y a eu la faillite, c’est sur le plan sécuritaire », a -t-il indiqué. Pour le candidat de l’UPC, le MPP et ses alliés ont hérité d’un pays en paix où les populations étaient libres d’aller et de venir partout sur l’ensemble du territoire. Mais après cinq années de gestion, ils en ont fait, a poursuivi Zéphirin Diabré, un pays divisé et infesté de terroristes du fait de leur négligence et de leur incapacité à avoir une vision militaire. « Il y a d’autres questions comme celles de l’unité nationale et de la cohésion sociale qui sont mises à rude épreuve parce qu’il y a beaucoup de conflits de toutes sortes qui n’ont pas pu être gérés. Sur la question terroriste, il y a une partie des Burkinabè qui se sent un peu indexée, mise à l’écart », a-t-il dénoncé.
Par ailleurs, il a estimé qu’en cinq ans de gouvernance, Roch Marc Kaboré n’a rien fait pour la réconciliation nationale. Et de s’interroger sur l’opportunité de l’annoncer maintenant : « Dans le domaine de la réconciliation nationale, celui que nous appelons le candidat sortant a dit que s’il est réélu, il va enfin se mettre au sérieux pour faire la réconciliation nationale. Je dis qu’on ne fait pas la réconciliation nationale sur des calculs électoralistes. Mais, on la fait si on pense que c’est bon pour le pays ».
Il a également évoqué les questions de la gouvernance et de la corruption : « Les gens passent leur temps à piller les ressources pour venir construire des maisons gigantesques dans leurs villages et on ne les arrête pas. Or, n’oubliez pas que c’est un régime qui est arrivé à la suite d’une insurrection ». En sus, Zeph a dénoncé la mauvaise gestion des biens publics ainsi que la politisation de l’administration. Il a affirmé que les femmes et les jeunes étaient mécontents. Pourtant a-t-il regretté, le pouvoir en place avait promis, à son arrivée il y a cinq ans, de régler tous leurs problèmes parce qu’ils savaient gérer l’Etat et qu’ils ont l’expérience. « Mais, on ne voit rien. La liste des problèmes est très longue », a-t-il insisté.
« Le Burkina sera la nouvelle Chine »
Concernant son offre, Zéphirin Diabré a indiqué que la première chose qu’il ferait s’il est élu au soir du 22 novembre, sera de lancer le processus de la réconciliation nationale. Pour lui, il faut s’asseoir et se dire les vérités. Il a fait savoir qu’il fallait obligatoirement la vérité, la justice et réconciliation pour que le Burkina aille de l’avant : « Quand la pluie vous bat et que vous-mêmes vous vous battez, vous n’allez nulle part ». Il a promis de transformer structurellement l’économie burkinabè en souffrance depuis plusieurs années.
« Il fut un temps où les Etats-Unis étaient l’usine du monde, après il fut un temps où s’était le Japon. Maintenant, c’est la Chine. Mais, elle va délaisser ces métiers petit à petit. Je vois un pays asiatique qui est à l’affût, c’est le Vietnam. Mais, moi je veux les devancer », promesse de Zéphirin Diabré. Le candidat de l’UPC, la seule façon de développer le Burkina est de développer les industries mécaniques. Toute chose qui permettra d’avoir des industries solides qui vont à leur tour employer les jeunes. Pour étayer son propos, il a rappelé qu’entre 1965-1970, les gens mouraient de faim en Chine. Mais aujourd’hui, ce pays est devenu une grande puissance industrielle : « On a la compétence et la vision pour faire cela. Cette révolution industrielle va s’accoupler avec une révolution agricole. Car notre agriculture a besoin d’être révolutionnée. Cela commence d’abord par la mécanisation ».
Visite de courtoisie chez les religieux et coutumiers
Zéphirin Diabré a estimé que ce n’était pas normal que les Burkinabè continuent de cultiver à la daba après 60 ans d’indépendance. De ce fait, il a promis de doter chacun des 8 000 villages du Burkina d’un tracteur et de régler la question de l’irrigation en implantant un château d’eau géant actionné par l’énergie solaire dans chaque village. Toute chose qui permettra d’avoir trois récoltes par an, à l’en croire. « En faisant cela, nous allons permettre à une grande partie de la main d’œuvre agricole d’aller vers l’industrie. Car, ce n’est pas normal que 80% des Burkinabè nourrissent 20%. Un pays se développe quand le secteur primaire diminue et que le secteur secondaire se développe », a-t-il clamé.
Avant le meeting à Tenkodogo, le champion de l’UPC a parcouru plusieurs localités de ladite régions situées sur l’axe Manga-Garango. Durant son périple, il a pris un bain de foule et salué les militants ainsi que les autorités coutumières et religieuses de Ouarégou, Sangha, Zabré, Garango, Béguédo, Boussouma… Ces derniers ont promis de faire ce qu’il faut pour lui permettre de s’installer à Kosyam au soir du 22 novembre prochain.
Les candidats aux législatives dans le Centre-est
Zinakou Alfred Zanzé (Boulgou) ;
Issouf Kéré (Boulgou) ;
Daouda Zéba (Boulgou) ;
François Yoda (Boulgou) ;
Armand Lamoussa Abgas (Koulpélogo) ;
Moustapha Gossana Poubéré (Koulpélogo) ;
Kayaba Sandwidi (Kouritenga) ;
Pascal Zagré (Kouritenga).
Par Bouélé Philippe BATIONO (Le Quotidien)